jeudi 31 décembre 2020

Les bébés de la consigne automatique, Ryû Murakami


Résumé
Hashi et Kiku, deux bébés abandonnés dans une consigne de gare, passent leur petite enfance dans un orphelinat. On suit en parallèle les destins des deux frères, décrivant le mécanisme qui les pousse à revivre sans cesse le traumatisme de leur enfance, racontant comment ces enfants purs et attachants passent du statut de victimes à celui de bourreaux

Mon avis
Ce roman se déroule au Japon, et il débute en 1972. On y suit Kiku et Hashi, deux enfants qui se sont rencontrés à l'orphelinat. 
Leur point commun ? Ils ont tous deux été abandonnés par leurs parents dans une consigne de gare, à peine quelques heures après leur naissance.
Là où, dans le même cas de figure, les bébés meurent habituellement et sont retrouvés trop tard, eux deux ont survécu.
Ils vont être ensemble tout au long du récit car ils seront adoptés par la même famille, et élevés comme des frères.
On va donc les suivre en quête de leur identité, les voir évoluer, être confrontés à la violence à l'école, aux moqueries des camarades,... Mais aussi lors de moments poétiques, comme lorsque Kazuyo, leur mère adoptive, les compare à une bogue contenant deux châtaignes ayant grandi dos à dos. 
Leur père adoptif est Shuichi Kuwayama, mais pour le coup il est assez discret et peu présent dans le récit.

Ce roman est très dur, les deux garçons sont marqués par leur histoire, et sont en quête perpétuelle de sérénité, qu'ils peinent à trouver. 
Kiku va se distinguer dans le sport, quand à Hashi il va devenir chanteur.
Je ne peux en dire plus au risque d'en révéler trop, mais il y aurait tellement à dire ! J'ai adoré cette lecture, qui m'a laissé dans un certain malaise. Ces deux protagonistes sont terriblement touchants, et on voudrait parfois pouvoir les aider, les prendre dans les bras et leur dire que ça va aller.
Ils ne parviennent pas à se construire pleinement, il restent toutes leur vie les bébés de la consigne automatique, et chacun de leurs actes va être influencé par cela.

Ce roman est vraiment abrupt, cru, violent et difficile. On suit ces deux garçons profondément marqués et cassés par leur histoire, qui ne se remettront jamais d'avoir été abandonnés, et qui vont construire leur vie sur des sables mouvants, étant à jamais instables mentalement et psychologiquement.

Concernant le rythme, l'auteur n'a pas lésiné. Il y a sans cesse des péripéties, le rythme est soutenu et on ne s'ennuie pas un seul instant.

Pour conclure ce récit est une grosse claque, que je vous recommande chaudement, quant à moi je vais m'empresser de voir l'adaptation cinématographique.


Ryû Murakami, Les bébés de la consigne automatique, J'ai Lu, 1996, 510 pages

L'Argent, Emile Zola

Résumé :
Dix-huitième volume des Rougon-Macquart, L'Argent est le premier grand western financier des temps modernes : bilans falsifiés, connivences politiques, fièvre spéculative, manipulations médiatiques, rumeurs, scandales, coups de bourse et coups de Jarnac, lutte à mort entre les loups-cerviers de la finance qui déjà rôdaient chez Balzac. S'inspirant de quelques faits divers retentissants, Zola décrit le culte nouveau du Veau d'or, la vie secrète de son temple, l'activité fiévreuse de ses desservants ; il dénombre ses élus et ses victimes. A l'heure des conflits économique planétaires, il faut revivre cette croisade et cette épopée du Capital. A l'heure où les audaces de la technologie bancaire nous font frémir, il faut relire cet hymne à la vie.

Mon avis :
Je poursuis ma découverte des Rougon Macquart, dans le désordre, avec ce dix-huitième tome. On va suivre Aristide Saccard, 50 ans, qui est le frère du ministre Eugène Rougon.

A travers lui le roman va se passer autour de la création de la banque universelle, des actionnaires et de la bourse. ici Emile Zola fait connaître au grand public le côté méconnu et un peu effrayant de la bourse.

Saccard veut repartir de zéro après une succession de mauvaises affaires. Il quitte donc son palais du parc Monceau et l'abandonne à ses créanciers. Il va donc temporairement être hébergé chez la princesse d'Orviedo rue St Lazare.

Il va avoir l'idée de fonder la banque universelle, destinée à financer des projets de mise en valeur du Moyen-Orient. Il va donc chercher à attirer des petits et moyens épargnants auxquels il va promettre de l'argent facile et rapide.

Par la suite, des communiqués, articles de presses, puis des rumeurs savamment dosées font s'envoler les titres de la société.

Saccard va se retrouver de nouveau au sommet de la gloire et de la puissance.
Je n'en dis pas pus sur l'intrigue. 

J'ai beaucoup aimé ce roman, qui m'aura accompagné presque toute l'année car je l'ai commencé en avril et terminé en décembre. J'ai d'abord lu un chapitre par-ci par-là, mais vers le milieu du roman je me suis vraiment plongée dedans pour le terminer, et à chaque session lecture j'étais vraiment immergée auprès de Saccard, voulant augmenter mon capital, cherchant à renforcer la confiance des actionnaires, étant stressée en même temps que lui, bref, j'ai beaucoup aimé ce roman.

Comme à chaque fois, je suis saisie par le talent de Zola pour nous immerger dans un nouvel univers à chacun de ses romans, et nous apprendre un million de choses.

Pour conclure je ne peux que vous recommander la lecture de ce roman. Et ce qui est merveilleux c'est que même si vous ne connaissez absolument rien à la finance, vous pourrez appréciez votre lecture, faites confiance à Zola !


Emile Zola, L'Argent, Livre de Poche, 1965, 501 pages.