dimanche 19 novembre 2017

En cas de bonheur, David Foenkinos

Résumé :
Claire et Jean-Jacques vivent ensemble depuis huit ans. Mais, leur tendresse apparente, qui les fait citer en exemple par leurs amis, cache la véritable érosion de leur amour... Dissection d'un couple pas comme les autres... un couple comme tous les autres. 

Mon avis :
J'adore David Foenkinos, que j'ai découvert avec Le potentiel érotique de ma femme, puis avec Nos séparations, deux romans que j'ai adoré.

Ayant eu une mauvaise journée début novembre, j'avais besoin de réconfort et je me suis donc offert celui-ci, et il a parfaitement rempli sa mission !

Une fois encore j'ai trouvé ce roman fluide, léger, drôle et bien mené. La plume de cet auteur est un bonbon ; quand je lis un de ses roman, j'ai toujours l'impression qu'il ne l'a écrit que pour moi ! Je trouve son écriture intimiste, comme si l'auteur nous racontait l'histoire dans un cadre réconfortant et chaleureux. Et c'est ce que j'aime tant chez David Foenkinos.

Ici on découvre Claire et Jean Jacques, les protagonistes principaux, un couple qui a fait le tour, et qui vit dans la routine. Je ne vous en révèle pas plus mais en suivant leur histoire on va aussi apprendre à connaître Edouard et Sabine, ou encore René et Renée. 
Sans oublier Igor et Iban, les deux cousins russes détectives. D'ailleurs les personnages russes sont récurrents dans l’œuvre de l'auteur.

L'humour est aussi très présent, l'auteur parvient à aborder des sujets importants voire graves tout en faisant rire, et c'est très réussi car c'est sans mauvais goût, et toujours juste.

Je n'ai pas de point négatif à relever, je me suis régalée avec ce roman et je vous recommande chaudement de découvrir cet auteur si ce n'est pas déjà fait !


David Foenkinos, En cas de bonheur, Flammarion, J'ai Lu, 2005, 190 pages.

La marche rouge, Marion Sigaut

Résumé :
En mai 1750, une rumeur persistante faisant état d'enlèvements d'enfants mit Paris en émoi. Les gens disaient que des agents de police déguisés s'emparaient d'enfants et d'adolescents et les envoyaient à l'Hôpital général. Des émeutes graves éclatèrent, des commissariats furent incendiés et des gardes tués. La répression de cette "Marche rouge" fut sévère et se solda par des condamnations à mort. Mais qu'était donc cet Hôpital général de sinistre réputation ? Fondé en 1656 par Louis XIV, il était destiné d'abord à résoudre le problème de la mendicité par le "renfermement" des mendiants. Mais très vite cet établissement laïque géré par le parlement de Paris fut également utilisé pour enfermer d'autres catégories de population : les prostituées, les ivrognes et bientôt les enfants abandonnés, ou confiés à l'institution par des parents sans ressources, puis ceux qui traînaient dans les rues ou simplement y jouaient... Pour en savoir plus sur le sort fait à ces enfants disparus, Marion Sigaut s'est plongée dans les riches archives de la Salpêtrière qui, avec Bicêtre et La Pitié, formait l'Hôpital général. Outre les conditions de vie inhumaines qui y régnaient, elle éclaire les terribles scandales qu'étouffèrent les dirigeants de l'établissement. Se pourrait-il que la rumeur d'un commerce d'enfants ait eu un fondement ? Que sont vraiment devenus les enfants perdus de l'Hôpital général ? Furent-ils livrés à des libertins qui en usaient en toute impunité ? Furent-ils vendus à la Compagnie des Indes pour peupler la colonie du Mississippi ? Autant de questions auxquelles Marion Sigaut, dans une enquête passionnante, tente d'apporter une réponse.

Mon avis :
J'ai ce roman dans ma PAL depuis très longtemps, je l'avais acheté de mémoire d'après les recommandations de Gérard Collard dans le magazine de la santé sur France 5.

Je l'en ai sorti un peu par hasard, et je ne regrette pas. C'est un roman extrêmement intéressant ; les révélations apparaissent au fil du récit, et on suit les recherches de l'auteure comme si on investiguait avec elle. Cela crée une dynamique, d'autant plus que le récit est très bien mené.

Je lui reprocherais simplement des tournures de phrase parfois un peu alambiquées, mêlées aux extraits du XVIIème siècle de textes écrits par des philosophes, curés ou autre magistrats, et qui font que la lecture est quelque fois un peu lourde.

Cependant ça ne m'a pas empêché de bien apprécier cette lecture, et de vous la recommander !


Marion Sigaut, La marche rouge, les enfants perdus de l'Hôpital général, éditions Jacqueline Chambon. novembre 2008, 232 pages.

Le garçon en pyjama rayé, John Boyne

Résumé :
Vous ne trouverez pas ici le résumé de ce livre. On dira simplement qu'il s'agit de l'histoire du jeune Bruno que sa curiosité va mener à une rencontre de l'autre côté d'une étrange barrière. Une de ces barrières qui séparent les hommes et qui ne devraient pas exister.

Mon avis :
Après avoir lu La mort est mon métier, j'étais dans une phase Seconde guerre mondiale et j'ai donc eu envie de sortir Le garçon en pyjama rayé de ma pile à lire, et j'ai adoré ce livre.

C'est un roman jeunesse, il est donc tout naturellement écrit du point de vue d'un enfant, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit du fils du directeur d'Auschwitz.

Bruno est un petit garçon qui vivait avec sa famille à Berlin, et qui déménage un jour à Hoche-vite ! J'ai adoré le fait que ce garçon ne comprenait pas tout les mots qu'utilisent les adultes, et qu'il les prononcent comme il les entend. On a tous, étant petits, mal compris certains mots, se faisant une idée vague de leur sens. C'est aussi le cas de Bruno. Il ne comprend pas par exemple pourquoi son père parle si souvent d'un fourreur ! Ces petits quiproquos sont drôles et donne une dimension assez légère au roman, le rendant accessible aux enfants.

Ce roman propose vraiment deux lectures. J'ai moi-même été un peu choquée par la fin très dure du récit alors qu'il s'adresse à un public jeunesse, et j'avoue être restée longtemps à réfléchir à cette fin en me disant que l'auteur n'avait pas pu écrire ça dans un roman jeunesse ! Et en y repensant j'ai compris qu'un enfant n'aurait pas forcément la même lecture qu'un adulte, et ne prendra pas forcément conscience de ce qu'il y a derrière les mots. En effet tout est suggéré mais pas explicite, un enfant peut donc le lire au premier degré et ne pas en être choqué.

Pour conclure j'ai adoré ce roman et je vous le recommande sincèrement !


John Boyne, Le garçon en pyjama rayé, Gallimard jeunesse, 2007, 2006 pour la première publication, 202 pages. Traduit de l'anglais par Catherine Gibert.

La mort est mon métier, Robert Merle

Résumé :
"Le Reichsführer Himmler bougea la tête, et le bas de son visage s'éclaira...
- Le Führer, dit-il d'une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif en Europe.
Il fit une pause et ajouta:
- Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche.
Je le regardai. Il dit sèchement :
- Vous avez l'air effaré. Pourtant, l'idée d'en finir avec les Juifs n'est pas neuve.
- Nein, Herr Reichsführer. Je suis seulement étonné que ce soit moi qu'on ait choisi..."


Mon avis :
J'ai acheté ce livre il y a quelques années, en 2015 je crois, sur les conseils d'un vendeur dans une boutique parisienne que j'adore et qui n'a rien à voir avec les livres ! En discutant un jour il m'a conseillé ce roman et je me l'étais procuré. Je ne regrette pas cet achat, car j'ai beaucoup aimé cette lecture.

On suit Rudolf Hans, le personnage principal, qui est un personnage historique réel mais dont le nom a juste été modifié. Il a été le dirigeant du camp d'Auschwitz. Rudolf aime l'ordre, la routine. Au départ il ne comprend pas forcément le rôle qu'on lui demande de jouer. Il aime se rendre utile et son supérieur lui répète sans cesse qu'il est plus utile ici qu'ailleurs (au front par exemple), il reste donc à son poste, désireux de bien servir son pays.
Les choses se font petit à petit, insidieusement, et les SS ont des termes tellement neutres et mystérieux pour parler des camps que Rudolf est au début convaincu que ce sera une chose positive. Par exemple ils disaient que c'était du travail forcé pour redresser les esprits des prisonniers. Certes il fait preuve d'une certaine haine des juifs mais à l'époque c'était malheureusement assez commun et il n'était pas pire que d'autres à ce niveau là.
 
Dans ce roman on découvre toute la dimension logistique des camps, on demande par exemple à Rudolf de trouver des solutions pour augmenter la productivité des camps afin de gazer le plus de personnes possible ; que faire des corps ensuite, etc. Rudolf se concentre sur cette facette matérielle, sans s'apercevoir de l'atrocité de la chose. Ce n'est qu'en visitant un autre camps pour comparer leurs méthodes d'exécution, qu'il prendra conscience de l'atrocité de la "solution finale", mais je pense qu'il se voile la face pour ne pas trop y penser.

Du point de vue de sa vie privée, il se dit "non sensuel". Il n'a en effet pas de vie sexuelle. Il ne veut pas se marier, même s'il y sera obligé par ses supérieurs ; mais même marié il ne touchera jamais sa femme.

Tout au long du roman Rudolf est déshumanisé, il n'a pas d'opinion sur ses actes car en tant que soldat il ne pense qu'à obéir aux ordres sans les juger. Cet élément rend le personnage presque attachant, j'ai bien dit presque ! Mais disons que l'auteur nous permet de comprendre comment on pouvait se lever chaque matin et participer au massacre des juifs, et parvenir encore à se regarder dans un miroir. Rudolf est un soldat avant tout, et en tant que tel il ne pense pas, ne porte pas de jugement, et n'a aucun recul sur ses actes, il obéit aux ordres du mieux possible, point barre ! Je n'ai pas dit que ça rendait ses actes excusables, hein !

Par la suite on apprend que Himmler s'est suicidé, et Rudolf se sent trahi car c'est toujours le supérieur qui est censé endosser la responsabilité d'un ordre et pas l'exécutant ; or comme il ne faisait qu'obéir aux ordres d'Himmler, il se pensait en sécurité. Himmler décédé, Rudolf se fera bien sûr arrêter. Il passera ensuite en procès en Pologne pour endosser ses responsabilités.

Pour conclure je ne peux que vous recommander ce roman, que j'ai trouvé extrêmement intéressant, d'autant plus qu'il apporte une vision assez singulière de la solution finale, pas du point de vue des juifs cette fois-ci, mais de celui des soldats allemands.


Robert Merle, La mort est mon métier, Gallimard Folio, 1952 pour le texte, 1972 pour la préface, 369 pages.

vendredi 17 novembre 2017

Hymne à un ange, Sylvie Fougère

Résumé :
On vit à côté des siens, on les aime même si on ne le dit pas. Mais la maladie qui surgit change les relations. Elle révèle le fond de chacun. Un besoin furieux d'exprimer son amour se fait jour et on s'aperçoit que le temps devient à la fois ennemi et ami. Ennemi car on a peur de l'avenir, qui peut être effroyable, ami car on vit alors ces instants avec intensité.
J'ai découvert en ma fille une jeune femme forte, immensément digne et courageuse. Elle était bien droite face à sa terrible maladie. Cet ouvrage essaie d'illustrer ce courage. On comprend alors ce qu'est un ange.
A toi Audrey !

Mon avis :
Je m'étais procurée ce roman il y a des années, et je l'ai sorti car j'étais dans une phase où j'avais envie de lire des témoignages.
 
Concernant le fond, cette lecture m'a beaucoup plu.Je l'ai trouvée touchante et intéressante. Une chose m'a cependant quelque peu gênée, on a l'impression que ce roman est destiné uniquement à Audrey, la fille que Sylvie Fougère a perdu et dont elle raconte l'histoire. Et c'est la cas, l'auteur nous le dit dès le prologue, elle a écrit ce livre pour adresser une dernière preuve d'amour à sa fille, mais s'en est parfois un peu excessif. Le lecteur a la sensation d'être un voyeur dans cette relation mère-fille. Cela m'a par moment gênée, et j'ai failli abandonner ma lecture dès les premières pages à cause de ça.

En ce qui concerne la forme, j'ai trouvé quelques coquilles, faute de frappes et virgules mal placées. De plus certaines tournures de phrases sont maladroites, et cela perturbe un peu le court de la lecture.

Pour conclure, j'ai trouvé ce texte très émouvant, on ressent l'amour inconditionnel de l'auteure pour sa fille. Malgré quelques points négatifs, je conseille l'achat de ce livre d'autant plus que les droits d'auteurs sont reversés pour la recherche médicale, dont l'auteur parle dans l'épilogue.


Sylvie Fougère, Hymne à un ange, Éditions Glyphe, 2010, 191 pages.